samedi, mars 03, 2007

Le vélo




Papa, il est mort il y a peu plus de quatre ans, à cause d'un infartus.

(J'écoute In den Kasernen, de Marlene Dietrich. C'est la chanson qui sonne sur ma liste de standards, par des motifs que j'ignore)

Cela me rappelle que mon père, lui, détestait l'allemagne et quand je lui ai dit que je voudrais suivre un cours d'allemand, il est devenu très faché. Mon cours d'allemand n'a duré que quelques mois parce que je trouvais les déclinations très difficiles.

Quand tout le monde était en deuil, moi, je restais silencieuse d'une façon étonnante pour les autres. Une tante - schizophrenique, d'ailleurs - m'a demandée pourquoi je faisais semblant d'être forte. Mais je n'étais ni forte ni faible: ne pas pleurer était ma façon de faire face au fait de sa mort.
Je me souviens de son moustache, de ses cheveux lis et noirs qui ont tardé à griser et la façon qu'il m'emmenait sur ses épaules, quand j'étais pétite. Cet après-midi, dans la rue, il y avait un père qui aprenait sa petite fille à conduire le vélo. Et elle s'équilibrait à peine mais arrivait à le conduire. Et j'étais contente car je me voyais en elle, à l'époque où mon père m'aprennait à conduire mon vélo: autre modèle, autre époque, d'autres vies. Mais un amour si nécessaire, un amour dont je remercie d'avoir eu.